Performance audiovisuelle de 30 minutes réalisée par Pierre Lafanechère et Dylan Cote.
Earthsatz possède aussi une version exposable (tirages + vidéo).

Scruter la planète en référençant chacune de ses facettes, c’est chercher à l’épuiser, tout dire d’elle, désenchanter l’idée d’un ailleurs inconnu en la remplaçant par une vision rationnelle et immuable. Google Earth est un projet à la fois infini et imparfait : faire tenir le monde dans un smartphone, ce n’est pas seulement le regarder comme un objet d’étude scientifique, c’est aussi le compacter. L’image est peu précise, les volumes sont altérés, la ville est silencieuse, les voitures statiques, la vie inexistante. « Tenez le monde entier dans vos mains » : un drôle de slogan pour une étrange vision du monde.

Pourtant, le monde raconté par Google Earth reste intrigant. Les imperfections de ses formes, les défauts de ses textures et la froideur de cette représentation constitue les attributs d’un univers nouveau, hybride, relevant davantage de la fiction algorithmique que de notre réalité tangible. Earthsatz cherche à amplifier la poésie froide et angoissante générée par ce « monde de poche » où les pixels ont remplacé les particules.

L’enjeu est de parvenir à contempler cet espace pour qu’il est : un univers fictif singeant le nôtre tout en développant sa propre autonomie, sa propre logique, sa propre physique. En scannant à notre tour une partie du monde généré par les scans de Google, nous ajoutons une couche de pertes d’information, une compression plus grande et donc une amplification de ses caractéristiques fantastiques.

Earthsatz propose alors une balade dans ce troisième monde dont les aspects fictionnels, artificiels et irrationnels sont célébrés au travers d’une mise en lumière de ses aberration et d’une dégradation progressive de ses formes. Ces paysages tourmentés se prolongent dans des sonorités sombres et pesantes, bande son d’un univers synthétique en décomposition, rugissements d’une mise en équation planétaire.




Audiovisual performance, 30"

The world, as it is shown to us by Google Earth, is intriguing us… The shapes’ imperfections, the textures’ distorsions, the suspended time, are all attributes of a new kind of universe, an hybrid one, looking more like an algorithmic fiction than our tangible reality. Earthsatz tries to amplify the cold and oppressive poetry generated by this « pocket world », where life doesn’t exist and particules are replaced by pixels. Maybe we should try to contemplate it for what it really is : a fictional universe that mimics the one we are living in, developing its own autonomy.

With photogrammetry, we scanned some parts of the Google-generated world. We built 3D landscapes from them and tried to highlight their surreal caracteristics, playing with mysterious lights, impossible distortions and moving points of view. Earthatz is a ride in this corrupted world, celebrating all its fictional, articificial and irrational aspects. As the landscapes are desintegrating and recomposing themselves, their roars are embodied in distorded and mechanical sounds. These heavy synth pads extand the figurative universe, being its intense echo in the spectator’s perceptual space.